Hrafnheim

Reconstitution d'une chaussure début XIIIème, taille enfant

Ces chaussures sont des ankle-boots fin XIIème début XIIème, dont le modèle est une pièce de fouille donnée en p. 15, figure 15 et une photo en p . 16 du fameux livre "Shoes and Pattens". Contrairement à d'autres chaussures de la même époque, elle est ouverte sur le devant et possède deux rabats, un petit et un plus gros, qui se chevauchent afin de fermer l'avant du tibia.

Je les ai faites pour ma fille, qui faisait alors du 27-28 en pointure, en faisant le patron grâce à la méthode que j'explique dans le tutoriel [ -> aller ]. La couture en elle-même suit les principes d'assemblage tels qu'expliqués dans les différents ouvrages de références.

Quelques détails techniques :

• La tige et les bandes de renfort sont en veau, d'environ 1.5mm d'épais. Le devant coupé dans le haut du collet pour avoir un peu plus d'élasticité. 
• La semelle est en vachette d'environ 4mm. A noter que c'est du cuir de sellerie donc bien compressé et très homogène.
• la couture est faite au fil de lin noir n° 432, aiguille de sellier 2/0.
• La chaussure est retournée quasi complètement cousue (à part une des bandes de renfort) et même si ça coince un peu, c'est faisable. Il suffit de mouiller le cuir environ 5 min sous l'eau, jusqu'à ce qu'il devienne spongieux.
• Temps de confection : 40 minutes pour le patron, et environ 2h30 par chaussure, le plus long étant coudre les bandes de renfort.

Et maintenant, quelques photos :

Détail de l'assemblage du côté avant retournage - vue extérieure. On remarque que :

• la tige est en deux parties : la principale qui fait le dessus et l'arrière du pied et une pièce ajouté en trapèze approximatif qui recouvre le devant du tibia.
• les deux morceaux de tige sont cousu en point invisible, à deux aiguilles : chaque trou se fait à 3mm du bord et ressort dans l'épaisseur, près de la fleur du cuir, ce qui cache les points côté visible (cf. photo suivante)
• les bandes de renfort sont cousues avec un point invisible mais avec une seule aiguille. D'où un passage du fil qui donne des barrettes régulières.

Détail de l'assemblage du côté avant retournage - vue intériere. On remarque bien le caractère invisible des points. On voit aussi que les points d'assemblage de la tige font plus froncer le cuir que les points de la bande de renfort, ce qui s'explique par le fait qu'ils sont beaucoup plus tendus, étant sur une partie très sollicitée de la chaussure.

Détail de l'assemblage du renfort de talon avant retournage. On remarque que :

• le haut du renfort renfort est cousu avec un point proche de celui des bandes de renfort, donc invisible et à une seule aiguille. Mais comme il sert à attacher deux épaisseurs et non deux bords, l'alène doit percer un tunnel dans le tige, sans ressortir côté fleur.
•  le bas du renfort est aminiçi au couteau à parer afin de limiter l'épaisseur cousue et les angles un peu saillant qui risqueraient de blesser le talon.

Résultat général, une fois retournée et le laçage mis en place. On remarque que :

• Les bandes de renforts sont dans un cuir un peu plus foncé. J'ai fait ce choix car :
  •  sur la photo originale, il semble que les renforts, notamment celui en trapèze sur le devant, sont d'une couleur différente (mais c'est peut être du à la mauvaise qualité de la photo)
  • il est fait mention dans d'autres bouquins que les bandes de renfort étaient parfois cousues côté chair visible, sans doute pour un effet esthétique.
• La chaussure possède une trépointe (= bande de cuir entre la semelle et la tige), qui fait tout le tour. Ce n'était pas forcément le cas, ni d'ailleurs sur forcément tout le tour. Mais j'ai voulu essayer sur une pointure aussi petite et visiblement ça marche. Comme fait historiquement, je l'ai refendu pour qu'elle ait une forme triangulaire vue en coupe mais je l'ai un peu réduite en largeur (6mm)
• Les bandes de renfort partent de l'arrière et descendent le long des rabats. Eelles ont donc une forme de L. Contrairement à d'autres modèles de la même époque, ce sont plutôt elles qui forment réellement les rabats.

Bibliographie :

@book{goubitz2007stepping,
	title = "Stepping through time: archaeological footwear from prehistoric times until 1800",
	author = "Goubitz, O. and Driel-Murray, C. and Waateringe, W.G.V.",
	isbn = 9789089320025,
	url = "http://books.google.com/books?id=YETrAAAAMAAJ",
	year = 2007,
	publisher = "Stichting Promotie Archeologie"
}

@book{grew2001shoes,
	title = "Shoes and pattens",
	author = "Grew, F. and Museum of London and Neergaard, M. and Mitford, S.",
	isbn = 9780851158389,
	lccn = 2001052420,
	series = "Medieval finds from excavations in London",
	url = "http://books.google.com/books?id=KpVth0J2IncC",
	year = 2001,
	publisher = "Boydell Press"
}

@book{mould2003leather,
	title = "Leather and Leatherworking in Anglo-Scandinavian and Medieval York: The Archaeology of York: The Small Finds 17/16--Craft, Industry and Everyday Life",
	author = "Mould, Q. and Carlisle, I. and Cameron, E.",
	number = "ptie.~16",
	isbn = 9781902771366,
	url = "http://books.google.fr/books?id=N-RMcAAACAAJ",
	year = 2003,
	publisher = "Council for British Archaeology(GB)"
}

• Suivant