Vaisselle XIème

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Ma motivation principale pour commencer le tournage sur bois était de produire de la vaisselle afin de l'utiliser sur les animations et rassemblements médiévaux. Dans la même esprit que les chaussures que je présente sur ce site, j'ai essayé d'approcher le plus possible les formes historiques en partant directement de rapport de fouilles. Et comme pour les chaussures, le volume de pièces retrouvées n'est pas énorme. Il est cependant largement suffisant pour se faire une idée des évolutions des formes au cours des siècles. Car à l'instar de l'habillement, la vaisselle a elle aussi suivi des modes.

Je signale tout de suite que mes réalisations sont exécutées sur un tour moderne à rotation continue et que leur aspect de surface ne correspond pas à celui d'une pièce d'époque faite sur un tour à perche, en utilisant un crochet de creusage. En effet, mes pièces ont une surface lisse alors que celles d'époque conservent les sillons de creusage. En revanche, les formes générales sont respectées quand bien même certaines dimensions changent un peu par rapport aux pièces de fouille, notamment à cause du fait que je ne dispose pas forcément de bois aux dimensions qu'il faudrait. Certains galbes sont donc plus ou moins prononcés et parfois c'est la hauteur ou le diamètre qui changent. Quant à l'essence de bois, j'ai repris celles qui étaient le plus employées, à savoir l'érable sycomore et le frène.

Ce premier article présente uniquement des récipients (plats, bols, écuelles) du XIème siècle car ce sont celles qui m'ont le plus impressionné de part le défi technique que leur production représentait à l'époque. On a notamment retrouvé de grands plats allant jusqu'à 41cm de diamètre, ce qui supposait un travail colossal de débitage puis de creusage sur un tour à perche. Sur un tour moderne, en partant de plateaux, c'est bien entendu un jeu d'enfant en comparaison. Qui plus est le XIème siècle est la période pour laquelle on a retrouvé les plus gros corpus d'objet. Entre Charavines (lac de Paladru) et Pineuilh, ce sont plusieurs centaines qui ont été retrouvés. La figure 1 présente ma pile personnelle, reconstituée d'après des exemplaires caractéristiques qui m'ont inspiré.

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 Figure 1 : et une pile de vaisselle Xième, une !

La suite de l'article présente plus en détails quelques pièces de la pile, en commençant par les grands plats.

 


Comme tous les récipients typiques du XIème, les grands plats ont un pied annulaire. En revanche, leur forme est assez variée, avec ou sans lèvres éversées, avec plus ou moins de ressaut de tournage, ... La série ci-dessous présente 4 exemplaires inspirés de pièces de Charavines, toutes avec des lèvres éversées mais plus ou moins rabattues vers le bas. Le dernier exemple est un plat sans lèvres, à bord épais, insipré d'une pièce de Pineuilh.

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Figure 2 : plat insipré de la pièce n° 597 de Charavines, diamètre 33.5 cm, hauteur 4.7 cm, érable sycomore.  

 

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Figure 3 : plat insipré de la pièce n° 755 de Charavines, diamètre 29.8 cm, hauteur 5.8 cm, frène.  

 

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Figure 4 : plat insipré de la pièce n° 755 de Charavines, diamètre 31.5 cm, hauteur 6.7 cm, érable sycomore.

 

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Figure 5 : plat insipré de la pièce n° 55 de Charavines, diamètre 32.5 cm, hauteur 6 cm, érable sycomore.

 

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Figure 6 : plat insipré de la pièce lab. 59 us 1230 de Pineuilh, diamètre 29.5 cm, hauteur 5.3 cm, frène

NB : j'ai tourné la pièce ci-dessus dans un enfourchement, d'où l'aspect écailleux.


Contrairement aux siècles suivants, les écuelles retrouvées sont généralement assez grandes ( entre 20 et 26cm), à pied annulaire, sans lèvres éversées et avec un bord très fin. Qualifiées d'écuelles, leur usage n'est cependant pas certain et ne correspondrait pas forcément à celui de nos assiettes mordernes. Elles pourraient tout aussi bien n'être que de petits plats de service.

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Figure 7 : écuelle insiprée de la pièce lab. 163 us 1235 de Pineuilh, diamètre 26 cm, hauteur 5.1 cm, érable sycomore

 

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Figure 8 : écuelle insiprée de la pièce n° 2573 de Charavines, diamètre 26 cm, hauteur 4.3 cm, érable sycomore

 


Les bols ont eux-aussi des pieds annulaires. Ils sont relativement grands par rapport à nos exemplaires modernes. La encore, leur destination n'est pas certaine mais il semble qu'ils aient été utilisés comme récipients à boire (à plusieurs ?). En revanche, le nombre de pièces retrouvées est assez réduit. On ne peut donc pas vraiment se faire une idée de la diversité de formes et de dimensions.

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Figure 9 : bol insipré de la pièce lab 85 us 1292 de Pineuilh, diamètre 17.5 cm, hauteur 7 cm, érable sycomore

 

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Figure 10 : bol insipré de la pièce n° 1857 de Charavines, diamètre 17.5 cm, hauteur 7.5 cm, érable sycomore

 


Pour finir cet article, voici quelques détails supplémentaires concernant ces pièces. Premièrement, elles ont été tournées en prenant le bois dans la même orientation qu'à l'époque, à savoir que la pièce est en bois de travers, avec les bords orientés vers le coeur du tronc et le fond, vers l'écorce. Deuxièmement, le bois était choisi en évitant le bas de la bille près de la souche, sans doute pour éviter d'avoir des fibres trop tordues qui auraient mené à un éclatement au séchage. En effet, le tournage à la perche nécessite d'avoir du bois vert (ou quasi). La réussité du séchage n'est donc pas assurée et de nombreuses pièces fendaient. Dans mon cas, j'ai utilisé du bois déjà sec. L'érable provient d'une énorme bille qui a été débitée de façon non conventionnelle en faisant des plateaux tout autour du tronc. Ne sachant pas à quelle partie de l'arbre ils correspondent, j'ai parfois obtenu de beau veinages irréguliers, provenant sans doute de bois près de la souche ou d'un embranchement. Enfin, malgré l'utilisation de bois sec, j'ai pu constater que le tournage relâchait des contraintes et certaines pièces s'ovalisaient au bout de quelques jours.

Si vous voulez en savoir plus sur les pièces historiques ou sur leur tournage, n'hésitez pas à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..